Parcours universitaire et d’enseignement

Anne-Marie Pelletier est agrégée de lettres modernes et docteur en sciences des religions. Professeur des universités, elle a enseigné successivement à Paris-X et à l’université de Marne-la-Vallée, la linguistique, la poétique et la littérature comparée (outre de multiples articles, voir Fonctions poétiques, Ed. Klincksieck, 1977). Sa thèse d’État – dont le directeur fut Henri Meschonnic – soutenue en 1986 à Paris-VIII en Sciences des religions, a été publiée en 1989 par l’Institut Biblique de Rome dans la collection des « Analecta Biblica » sous le titre Lectures du cantique des Cantiques, De l’énigme du sens aux figures du lecteur. Cette recherche témoigne de son double intérêt pour la poétique biblique et l’herméneutique, tout comme son ouvrage D’âge en âge les Ecritures, La Bible et l’herméneutique contemporaine, paru en 2004 aux éditions Lessius. Ce même intérêt l’a amenée, à partir des années 1990, à élaborer à Paris X puis à Marne-la-Vallée, un enseignement consacré à « La Bible grand code de l’art », destiné aux étudiants de Lettres et d’Histoire de l’art, ainsi qu’aux enseignants du secondaire en charge du « fait religieux ». Cet enseignement est repris dans Lectures bibliques, Aux sources de la culture occidentale, Nathan Université/Cerf, 1996, nouvelle édition, Cerf, 2001. Traduction en italien, La Bibbia e l’Occidente, Edizioni Dehoniane Bologna, 1999 ; en russe, Editions L’esprit et la lettre, Kyiv, 2014. Dans la perspective de l’histoire de la réception du texte biblique, elle a rédigé les articles « Jésus Christ » et « Cantique des cantiques » dans La Bible et les littératures du monde, Cerf, 2016. Elle y propose un inventaire – non exhaustif ! – des émergences de cette double référence biblique dans les littératures du monde.
En 1999, elle participe au Symposium sur « L’interprétation de la Bible dans l’Église », à Rome. De 2001 à 2013, elle a été chargée d’enseignement à l’Institut européen des sciences des religions (IESR, dans la cadre de l’EPHE). Jusqu’en 2022, elle a enseigné l’Écriture et l’herméneutique à la Faculté Notre-Dame (actuellement Collège des Bernardins, Paris) et au Centre Sèvres – Facultés jésuites. Depuis des années, elle est conviée dans le monde monastique pour diverses formations (en particulier d’anthropologie biblique, dans le cadre du STIM-Studium Inter-monastique), et pour y donner des retraites.

Domaines de recherche et activité

Son intérêt pour la tradition juive accompagne tout son parcours personnel et intellectuel depuis l’adolescence (… lecture du Dernier des justes d’André Schwarz-Bart, à sa parution en 1959, puis, dans la foulée, Antisémitisme et mystère d’Israël, de Fadiey Lovsky). Cette attention à l’enracinement juif du christianisme s’est approfondie au long des décennies, en particulier à travers les cours de Pierre Lenhardt. Sa thèse sur l’histoire de l’interprétation du Cantique des cantiques la ramène d’une autre manière à la tradition d’interprétation du judaïsme. À l’école de Martin Buber et d’Elie Wiesel, elle fréquente la tradition hassidique, s’intéressant en particulier à un modèle énonciatif en résonance avec la littérature chrétienne des apophtegmes. En 1997, elle est conviée au Symposium sur « Les racines chrétiennes de l’anti-judaïsme » qui se tient à Rome. Elle a été vice-présidente du Sidic-Paris (Service d’information et de documentation juifs-chrétiens) et elle travaille actuellement en relation avec l’Institut universitaire d’études juives E. Wiesel. Elle a préfacé en 2018 la réédition de l’ouvrage de Michel Remaud, Évangile et tradition rabbinique, Ed. Lessius.
Par l’intermédiaire de Jean-Marie Lustiger, connu à l’aumônerie étudiante du Centre Richelieu, puis retrouvé à la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, elle est mise en relation, à la fin des années 80, avec des universitaires de renom de Léningrad/Saint Pétersbourg (en particulier Serge Averintsev, Natalia Sakharova). Elle sera invitée pour une semaine de cours à l’université de Vilnius, juste après la libération du pays. Depuis 2010, elle participe au colloque universitaire international organisé chaque année par le professeur Konstantin Sigov, à l’université Moghyla de Kyiv. Ses interventions figurent dans les Actes des colloques publiés par la maison d’édition Duh i Litera à Kyiv. En 2022 elle a accompagné K. Sigov dans la réalisation de son livre Le courage de l’Ukraine (Cerf, 2023), auquel elle a donné une préface.
Elle a été membre du GRAC (Groupe de Recherches en Anthropologie Chrétienne) de l’Institut Catholique de Paris et a participé aux publications de celui-ci dans la revue Transversalités de l’ICP. Elle a publié en 2018 Débats éthiques, sagesse biblique, aux éditions Salvator, traduction en italien Dibattiti etici, saggezza biblica, Ed. Queriniana, 2019. Depuis juin 2017, elle est membre de l’Académie Pontificale pour la Vie. Elle a participé à la recherche qui a abouti à la publication de l’ouvrage, Etica Teologica della Vita, Scrittura, Tradizione, Sfide pratiche, Libreria Editrice Vaticana, 2022.
Elle est membre de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible (Acfeb). Elle a été membre de l’Institut J.-M. Lustiger.

Elle a abordé dans diverses publications les questions relatives aux femmes dans l’Eglise, en particulier dans quatre livres : Le christianisme et les femmes, Paris, Cerf, 2001, traduction italienne, Il Cristianesimo e le Donne, Jaca Book ; Le signe de la femme, Cerf, 2005, ré-édition en Livre de poche, 2023, traduction en russe, Ed. Duh i Litera, 2014 ; L’Eglise, des femmes avec des hommes, Cerf, 2019, traduction en italien, Una Comunione di Donne e di Uomini, Edizioni Qiqajon, traduction en espagnol, Una Iglesia de Mujeres y Varones, Ed. PPC Sofía ; L’Eglise et le féminin. Revisiter l’histoire pour servir l’Evangile, 2021, traduction en italien, La Chiesa e il femminile, Préface de Mgr V. Paglia, Studium Edizioni, 2023. Elle a préfacé la traduction française de Lucetta Scaraffia, Du dernier rang, Les femmes dans l’Eglise, Salvator, 2016.
En 2001, elle a été nommée auditrice au synode des évêques à Rome. En 2014, la Fondation vaticane Joseph Ratzinger–Benoît XVI lui décerne la quatrième édition du prix Ratzinger. Elle est la première femme à recevoir cette récompense. En avril 2017, elle compose le texte des méditations du Chemin de croix au Colisée à Rome. Elle est la première femme laïque qui se voit confier cette mission à titre individuel. Elle est actuellement membre de la Commission romaine nommée par le pape pour approfondir la question d’un diaconat féminin.